dimanche 28 août 2011

J'ACCUSE L'ÉTAT HAITIEN



Jean Erich René
erichrene@bell.net
Ottawa le 27 Juiller 2010

La police scientifique qui malheureusement n'est pas rendue fonctionnelle encore en Haiti, pour des raisons inavouables et inavouées, par nos dirigeants politiques successifs, peut déterminer avec précision si la mort par balle d'une victime est d'origine criminelle ou accidentelle. En l'occurence, point n'est besoin de se gargariser d'allégations en condamnant d'avance l'agent de sécurité du député de Pestel/ Beaumont, Dionald Polyte. Ce présumé coupable, au regard de la loi, jouit de toute innocence jusqu'à preuve du contraire.



La mort du Député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte a renversé ses confrères et même provoqué un sentiment de panique au sein du Parlement. Au moment où nos législateurs affichent une certaine réticence pour la ratification du Premier Ministre, une telle mortalité fait la gorge chaude et soulève beaucoup de questions:
- S'agit-il d'un cas d'assassinat ?
- Quel est le mobile de ce crime ?
- Est-ce le premier d'une série noire qui s'annonce ?
- Est-ce un accident ?
Le Président de la Chambre des Députés Sorel Jacinthe demande qu'une enquête soit conduite sur les causes réelles de cette mort, s'agit-il d'un accident ou d'un acte prémédité, questionne-t-ilÉ Seule l'analyse de la scène du crime puisse nous apporter les éléments de réponse. Ordinairement les conditions indispensables pour porter une accusation criminelle sont:
- le corps du délit
- l'arme du crime
- la scène du crime
- les témoins
- le criminel

Les quatre premiers éléments sont connus dans le cas de la mort du Député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte. Pourtant personne ne peut pointer du doigt le garde du corps ciblé comme étant un criminel. Il jouit de la présomption d'innocence tant et aussi longtemps qu'on n'arrive pas à prouver que cette balle meurtrière sortie de son revolver et qui a atteint l'honorable député Député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte est le fait d'un acte volontaire ou d'une négligence.

- A-t-il appuyé sur la gachette en visant la victime ?
_ Le coup est-il parti sous l'effet des chocs dus au mauvais état de la route ?


Nous compatissons à la douleur de la famille éplorée et nous partageons ce sentiment de tristesse qui comme un linceul s'abat sur le Parlement haitien, déjà en butte à une controverse politique avec l'Exécutif. Toutefois on ne peut pas s'empresser de conclure de manière purement a priori sur la cause de la mort du Député de Pestel/ Beaumont, Dionald Polyte. Avant de prononcer les mots du droit, soit en portant une accusation formelle, soit en acquittant le présumé coupable, il nous faut établir avec équité la balance des faits. Sans quoi, la société haïtienne que représente le Ministère public, risque de sombrer davantage dans l'anarchie, suite à la distribution d'une justice au rabais.

Il serait vraiment inconvenant de machiner un projet machiavélique en invoquant l'application du Code de Procédure Criminelle, rien qu'en écoutant les déclarations de la Partie Civile. Les mots du Droit déterminent dans une très large mesure le succès ou l'insuccès du Corps Social. Chaque peuple a ses us et coutumes qui dérivent en droite ligne de l'héritage des éléments de sa culture. Cependant il convient de reconnaitre qu'Haiti fait face actuellement à une crise sociétale sans précédent. Sous prétexte de changements nous avons bousculé, au niveau des trois (3) pouvoirs de l'Etat, les principes établis en les taxant de petits bourgeois. Au décompte nous avons produit un véritable chambardement social pour accoucher cette monstruosité politique que nous observons présentement.

En nous écartant de certains standards, la révolution a détruit le socle sur lequel reposait la société haitienne. Personne ne respecte personne. Des badauds lancent des pierres et des tessons de bouteille sur le cortège présidentiel. Quelle déchéance ! Qui pis est, il y en a qui ricanent et même qui s'en réjouissent. Quo vadis Haiti ! Dans le même ordre d'idées on va jusqu'à penser que l'un des membres du Parlement, autrefois si prestigieux et si respecté, puisse tomber sous les balles assassines de Robert Soufrant, son propre agent de sécurité.


A cette phase des débats il est urgent de rappeler ce code d'éthique qui protégeait la valeur et la dignité de nos sénateurs et de nos députés d'antan, leur permettant de circuler librement sans porter des armes.Ils bénéficiaent vraiment des votes de leurs électeurs et partant de leurs respects absolus. En effet un Parlementaire était vraiment l'homme du peuple. Nous devons reconnaitre, en toute objectivité que pour avoir emprunté la voie de l'anarchie, de la magouille électorale, du bourrage des urnes,des résultats pré-fabriqués, certains d'entre eux deviennnentt l'opprobe de notre société. Aussi ils se voient obligés d'être flanqués d'un agent de sécurité qui, au lieu de les protéger, involontairement les met en danger, à cause de leur improvisation. Toutes ces tracasseires dérivent en droite ligne de la césarienne des dernières élections législatives réalisée par le chirurgien gynécologue politique René Préval pour obtenir la majorité au Parlement et diriger par procuration. La preuve c'est qu'aujourd'hui les Membres du CEP et particulièrement son Président Gaillot Dorsainvil sont recherchés par la Justice pour des élections que l'on a pourtant déclarées crédibles.

C'est avec frénésie que La Nouvelle Donne (LND) dénonce cette dérive de la Société Haitienne, sous la patine des nouveaux champions de la Liberté, ces avocats intraitables de la soi-disant cause des pauvres. Si nous soulevons le voile sur ces aspects ténébreux de nos Institutions Etatiques c'est en vue de déterminer à quelle catégorie de crime peut-on assimiler la mort du député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte. Le prétendu coupable serait-ce seulement l'accusé et/ou encore la nouvelle contingence sociale haitienne, arrivée à un tel degré de putréfaction qu'elle est assimilable à un Etat de Non Droit.


Il nous faut dresser l'inventaire de la réalité socio-culturelle haitienne en cours avant de nous appesantir sur les textes de loi. Pour saisir la délicatesse des circonstances de la mort du député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte , avant de porter toute accusation, La Nouvelle Donne (LND), cartésianiste par essence, fait abstraction de l'émotion et milite pour la raison scientifique en recourant aux révélations de la Balistique Judiciaire pour poser et résoudre l'énigme de la mort du Député de Pestel/ Beaumont, Dionald Polyte. Grâce à la trajectoire du projectile, l'importance de son impact sur la victime, le diamètre du tunnel d'attrition c'est à dire le trou d'entrée du projectile, l'état des tissus de la blessure, l'analyse du canon de l'arme, son angle d'incidence, nous saurons si Robert Soufrant, l'agent de sécurité du Député de Pestel/ Beaumont a appuyé ou non sur la détente.


Commençons tout d'abord par analyser la structure d'un revolver et les parties constitutives d'une balle, afin de nous initier partiellement à la terminologie de l'art martial et comprendre, de fil en aiguille, leur mécanisme de fonctionnement pour apporter un tantinet d'explications sur ce drame qui s'est produit le samedi 23 juillet 2011 dans le marché de Duchity dans la Grande Anse.

Schéma structurel d'un revolver


Coupe longitudinale d'un projectile

alternative de l'image à compléter

(1) balle,

(2) douille ou étui

(3) poudre ou charge explosive et propulsive

(4) culot

(5) amorce

Partons du principe qu'en appuyant sur la gachette d'un revolver on déclenche le chien ou percuteur que l'on voit dans la partie supérieure arrière du revolver qui va frapper le culot(4) d'une balle contenue dans le barillet. L'impact creuse des rainures sur la douille (5). Le choc, sous l'effet de la friction provoque une étincelle qui met le feu à la poudre(3) et projette la balle ou obus (1) dans le canon du revolver jusqu'à atteindre sa cible ou se perdre dans le décor. Chaque arme laisse des empreintes particulières sur la douille(5) . Aussi il est aisé pour la Police Scientifique de déterminer avec précision la provenance de la balle c'est à dire le type d'arme et son calibre, selon le diamètre de la balle. Le macroscope ou microscope grossissant, relié à un ordinateur, permet d'observer sur un écran les empreintes laissées sur le cul de la douille(5) .

Angle d'incidence

Quand la balle laisse le canon du revolver s'il passe à travers un écran tel que le coussin de la voiture avant d'atteindre sa cible, en l'occurence le député, elle subit une certaine déviation. La balistique peut aisément mesurer l'angle d'incidence et déteminer sa provenance par rapport au point d'impact. Dans le cadre de la reconstitution de la scène du crime, ce détail est extrêment important pour le médecin légiste et le criminaliste pour comprendre le phénomène lésionnel c'est à dire la blessure causée par l'impact de la balle. S'il s'agit d'un tir à bout portant, la combustion n'est pas parfaite et on relève des traces de poudre c'est à dire des résidus sur la cible touchée, en l'occurence le député ou encore sur l'écran ou le coussin à travers lequel est passée la balle. Donc la distance de tir, c'est à dire l'espace séparant la bouche du canon de l'arme de la victime est l'argument massue permettant de déterminer l'angle de tir avec exactitude et la distance du révolver par rapport à la victime, au moment où la balle est partie. Les empreintes de poudre laissées sur l'impact et le diamètre de la blessure caractérisent la distance parcourue. En un mot la collerette d'essuyage est le témoignage le plus éloquent pour déterminer s'il s'agit d'un crime ou d'un accident.

De plus, l'enquête menée dans le cadre des relations du Député de Pestel/ Beaumont Dionald Polyte et son agent de sécurité Robert Soufrant, aurait-elle révélé dans les jours qui précèdent, un changement d'attitude, une froideur dans leurs rapports ? Quels sont les indices probants? Y avait-il un quelconque contentieux entre la victime et l'accusé? Pourquoi n'avait-il pas mis fin à son service? Ils étaient 8 passagers dans la voiture, quels sont les témoignages des autres ? Victime d'une accusation aussi sordide, il sera fort difficile pour Robert Soufrant d'être guéri rapidement d'une déchirure aussi profonde, compte tenu des racontars dont la presse a déjé fait écho et des ragots des acrobates de la pensée délétère qui en profitent ardemment pour régler leurs comptes avec leurs ennemis traditionnels. Quel traumatisme !

J'accuse :

- L'Exécutif pour n'avoir pas doté le pays d'une Police Scientifique et d'un Conseil Electoral Permanent crédible depuis la promulgation de la Constitution de 1987.
La Nouvelle Donne blame personnellement les ex-présidents Jean Bertrand Aristide et surtout René Préval pour avoir laissé au Palais National un cigare allumé aux deux bouts. Honte à eux !
- Le Législatif pour avoir accédé au Parlement dans des conditions aussi indignes par rapport à la noblesse de la tâche à accomplir. La magouille des dernières élections est l'exemple le plus significatif du mépris et même de l'animosité de leurs mandants. Si le peuple vous a élu délibérément, de qui avez-vous peur dans votre juridiction?


- Le Judiciaire pour son laxisme par rapport aux deux autres Corps de l'Etat. Nos magistrats tant assis que debout n'ont pas levé le petit doigt pour demander la parole en vue de prononcer les mots du Droit et rappeler à la raison l'Exécutif et le Législatif en pleine dérive. A l'aube du troisième millénaire, en Haiti les médecins légistes, la technique de l'ADN, le Luminol ni la Balistique judiciaire n'arrivent pas encore à faire leur entrée dans nos Tribunaux afin d'apporter à la Justice, la lumière de leur science sur les cas d'espèces les plus difficiles à élucider .
La constitution de 1987 stipule:

Article 59:
Les citoyens délèguent l'exercice de la souveraineté nationale à trois (3) pouvoirs:
a) le pouvoir législatif;
b) le pouvoir exécutif;
c) le pouvoir judiciaire.


Le principe de séparation des trois (3) pouvoirs est consacré par la constitution.

Article 59.1:
L'ensemble de ces trois (3) pouvoirs constitue le fondement essentiel de l'organisation de l'Etat qui est civil.

Article 60:
Chaque pouvoir est indépendant des deux (2) autres dans ses attributions qu'il exerce séparément.

Article 60.1:
Aucun d'eux ne peut, sous aucun motif, déléguer ses attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui sont fixées par la constitution et par la loi.

Article 60.2:
La responsabilité entière est attachée aux actes de chacun des trois (3) pouvoirs.

Où est le Pouvoir Judiciaire ? Silence de cimetière ! Le Peuple haitien est lassé de son indifférence dans ce conflit qui oppose l'Exécutif et le Législatif et qui risque de précipiter le pays dans le chaos. Son rôle est de veiller à l'application des Lois de la République et au bon fonctionnement d'un Etat de droit. Le Pouvoir Judiciaire a comme auxilliaire la Police, l'appareil répressif par excellence en Haiti depuis 1987. On attend impatiemment son intervention.

J'accuse l'Etat Haïtien
Jean Erich René
Ottawa le 27 Juillet 2011

1 commentaire:

JEAN-ERICH RENÉ a dit…

Funérailles au Parlement et à Duchity pour le député Dionald

Les funérailles du député Dionald Polyte seront chantées les 30 et 31 août 2011, a annoncé, vendredi, Lucien Francoeur, secrétaire général de la Chambre basse. La cérémonie officielle se tiendra dans la matinée du 30 août à la salle de séance de la Chambre des députés. Le corps du parlementaire tué en juillet dernier dans des circonstances troublantes sera transporté à Duchity - ville natale du disparu - où les cérémonies religieuses seront organisées le lendemain.

Les funérailles nationales annoncées antérieurement pour le 10 août dernier ont été différées en raison des retards accumulés par la police haïtienne pour pratiquer l'autopsie du corps.

Dionald Polyte, 41 ans, a rendu l'âme au centre de santé de Camp-Perrin après avoir été atteint d'une balle partie de l'arme de l'un de ses gardes du corps. Le bureau de la Chambre des députés, au lendemain du drame, avait diligenté une commission d'enquête spéciale devant faire la lumière sur les causes de la disparition brutale de Dionald Polyte. Le rapport écrit de ladite commission est donc attendu au bureau de la Chambre des députés. La commission présidée par le député Ronald Larèche avait interrogé les deux gardes du corps de Dionald Polyte retenus par la police des Cayes.

L'agent de sécurité, Ronald Souffrant, mis en accusation pour homicide involontaire, serait un évadé de prison que le défunt député aurait engagé en connaissance de cause, selon les premiers éléments d'information. Son arme avait tué l'élu au moment où il laissait, le 25 juillet dernier, sa circonscription Pestel/Beaumont pour rentrer à Port-au-Prince. La mort brutale de Dionald Polyte a provoqué de vives polémiques entre les parents du parlementaire élu sous la bannière de la plateforme Inite et ses opposants politiques. Son oncle, Me Sagrave Dorlus, et le juge de paix des îles Cayemites, Ronald Lory, ont pointé du doigt Ronald Etienne, prédécesseur et rival malheureux de Dionald Polyte aux dernières législatives.