jeudi 26 mai 2011

RENDEZ-NOUS NOTRE ARMÉE!

Rendez-nous notre Armée !



Jean Erich René
erichrene@bell.net
Ottawa le 25 mai 2010

Il est impossible de débattre de la problématique du développement économique et social d'Haïti sans définir le profil des Institutions publiques appelées à les sous-tendre.L'Etat dans sa fonction régalienne a pour obligation d'aménager les cadres administratifs adéquats La sécurité est le premier des biens. La défense nationale assure la survie de la collectivité. Tous les membres de la nation sans exclusive sont concernés. La Constitution de 1987 accorde à l'Armée d'Haïti la mission d'assurer la défense du territoire national. Durant ces dernières années la dérive de nos traditions ancestrales a occasionné la démobilisation de nos soldats. La querelle tourne autour de l'utilité et de l'inutilité de l'Armée. On refuse de comprendre le sens de l'équilibre qu'apporte l'Armée au bon déroulement de la vie économique et sociale. Pourtant de Smith à Buchanan, l'Armée représente une constante de la pensée économique.

La crise politique de 1957

Les Forces Armées d'Haïti ne peuvent pas être soustraites du champ de l'analyse économique sans des retombées malheureuses pour le Corps social haïtien. Outre son rôle de protection, l'Armée joue aussi un rôle important de distribution du revenu national. Par la taille de son effectif et sa répartition sur toute l'étendue du territoire national, les soldats de l'Armée d'Haïti du Général jusqu'au Chef de Section constituaient un échantillon très significatif de consommateurs.

Major Léon Cantave Général Jean René Boucicaut

Cantonnés dans les points les plus reculés du pays, ils participaient à l'économie nationale en payant leurs frais de logement, d'alimentation, d'habillement etc. La démobilisation de nos soldats a provoqué un court circuit du système économique. Il en résulte donc une perte du pouvoir d'achat et une baisse considérable de la demande effective.


Capt Reynold Desnoyers Col. Paul Corvington

L'élégance était la marque de distinction de nos Officiers. Chaque soldat était obligé de porter des Habits propres et des bottes bien cirées. Avec le démantèlement des FAD'H on a assisté à la disparition de cette faune de lessiveuse et de cireurs de chaussures qui vivaient des cantonnements des FAD'H.

Une sévérité sans pareil était appliquée contre les truands.

Le Général Gracia Jacques

Nos Chefs de Section maintenaient coûte que coùte l'ordre. Depuis 1994 jusqu'à nos jours, les marodeurs deviennent de plus en plus audacieux. La production agricole a grandement baissé. Les paysans sont obligés d'abandonner leurs jardins désormais à la merci des voleurs, pour partir à la recherche de cieux plus cléments dans les villes les plus proches. Il en résulte une surpopulation et la montée des prix des produits de première nécessité. Peut-on s'imaginer le tort causé à l'économie haitienne. L'exportation du café et du cacao disparait de nos comptes Nationaux. Il s'en suit une perte importante de devises étrangères et un profond déséquilibre de notre balance de paiement..

Colonel Guy François FAD'H


Nos officiers sont devenus la proie d'une vague d'assassinats. L'ex-colonel Guy Francois FAD'H fut lâchement tué d'une balle à la tête le 14 septembre 2006 à Pétion-Ville . L'ex-colonel des Forces Armées d’Haïti, Ludovic René,le mardi 30 Juin 2009,a été criblé de balles par des bandits dans sa résidence à Arcachon 32. La structure organisationnelle de l'Armée d'Haïti, certes ne répondait plus aux exigences du monde moderne. L'effondrement de l'Empire Soviétique a définitivement mis fin à la guerre froide. La crainte du communisme ne hantait plus l'establishment américain. Toute infiltration pernicieuse des agents de trouble est à écarter. Cependant il n'était point besoin de dissoudre les FAD'H de manière si anarchique. De plus on a organisé une véritable chasse aux sorcières de nos Officiers et de nos soldats. Non seulement on leur a privé de leurs salaires mais encore on les assassine en pleine rue.

Nos soldats reviendront


Les politiciens, dans le but de s'accaparer du Pouvoir au mépris de la Constitution ont fait de l'Armée un instrument de répression à l'encontre de l'objectif combien noble pour lequel elle a été créée. La Communauté Internationale au nom de la lutte contre le communisme dont l'expansion était redoutée, en Amérique Latine et dans la Caraïbe suite à la crise des missiles à Cuba, a supporté, encouragé et financé les dictatures dans l'unique but de détruire les moindres cellules émergentes. Et l'Armée, entraînée à de telles fins, n'a pas été convertie malheureusement, au nouvel ordre démocratique mondial survenu avec la fin de la Guerre froide. C'est là le hic!

Les Fossoyeurs des FAD'H

Le mode de recrutement des soldats et des officiers pose de graves problèmes pour l'indépendance de l'Armée.Chaque Gouvernement en place essaie de canaliser à leurs profits les Forces de l'Ordre afin d'assouvir leurs ambitions politiques. Le système de recrutement doit être basé sur des critères de compétence que sur les affiliations avec les hommes politiques en selle. Une telle intrusion compromet l'indépendance de nos soldats qui ne sont pas au service de la nation mais d'un homme et de sa clique. Nos soldats font partie des couches les plus pauvres de la population. L'Etat accorde un salaire vraiment dérisoire à nos militaires. Comparativement au marché du travail les officiers, les sous-officiers et les soldats de l'Armée d'Haïti vivent dans une indigence relative. Des soldats mal payés et mal formés sont peu productifs. De tels inconvénients minimisent le rendement de l'Armée dans le domaine de la production de la défense.

Militaires démobilisés

Une armée professionalisée pourrait mieux faire le boulot. Mais on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau de son bain. Détruire notre Armée pour la remplacer par une force étrangère n'a pas d'allure. Qui pis est, au chapitre de la répression, la Minustah dépasse les FAD'H . Le carnage de Cité Soleil l'assassinat de Ravix Rémissainthe ne participent nullement de l'idéal démocratique que chante la Communauté Internationale. Est-ce le prix à payer pour avoir la paix en Haïti?

Ravix Rémissainte

Qui va assurer la sécurité du 56e Président d'Haïti?

Est-ce que ce sont les agents de la Minustah, à un coût exhorbitant ? Dans ce cas, nos soldats pourraient mieux s'en acquitter à moins de frais. "Guenille, si l'on veut, mais ma guenille m'est chère" argue Jean Baptiste Poquelin dit Molière par la voix de Chrysale dans les "Femmes Savantes" ( Acte II Scène 7)

. Rendez-nous notre Armée !

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