lundi 1 novembre 2010

DES SAINTS AUX LOAS, IL N'Y A QU'UN PAS...

Jean Erich René
Ottawa le 31 octobre 2010

L'Église d'aujourd'hui n'arrive pas à susciter l'enthousiasme de ses fidèles. Les candidats au pastorat se font très rares au point que les portes de certaines églises au Canada sont fermées. Les jeunes ne lisent plus la Bible truffée de paraboles et d'histoires incompréhensibles qui ne collent pas avec la réalité quotidienne. Une incrédulité croissante s'accapare de plus en plus de la génération montante. Les expériences vécues avec les religieux et les religieuses aux moeurs corrompues qui abondent dans nos monastères et nos écoles congréganistes sont à l'origine de cette déliquescence de la foi chrétienne. La mauvaise gestion financière de nos Pasteurs protestants sèment le doute chez certains fidèles.


Cette génération doute des paroles prononcées par le Fils de Dieu et transmises à ses apôtres au cours de son passage sur la terre. Ils sont beaucoup plus intéressés aux biens matériels et se foutent pas mal de leur devenir après la mort. Personne n'est immortel ! A quoi bon de commettre autant de crimes pour s'accaparer des richesses de ce bas monde. Chaque année un jour spécial est accordé aux Morts et aux Saints mais nous ne prêtons jamais attention aux sens de cette double célébration. Le mode de succession de ces deux fêtes soulève de curieuses interrogations entre les Saints et les Morts?


Chaque 1er novembre on célèbre la fête des morts suivie le 2 novembre de la célébration de tous les Saints ou la Toussaint. Dans nos cimetières et dans les rues avoisinantes se défilent des personnages avec des accoutrements sinistres rappelant les défunts. Les Guédés comme on les nomme portent des verres de soleil brisés, des habits déchirés et parlent d'une voix nasillarde. Ces manifestations sociales de la vie haitienne sont sorties en droite ligne des mœurs et des coutumes de nos ancêtres. L'histoire nous enseigne que les Guédés appartenaient à une Tribu du même nom. Guédé c'était une roche qu'adoraient ses adeptes qui construisaient leurs maisons tout autour en cercles concentriques. Le Roi du Bénin qui avait une peur bleue du mysticisme de la Tribu des Guédés les a tous expédiés en Haiti.

Pourquoi l'Occident fête-t-il chaque année les Halloweens tandis qu'en Haiti nous méprisons nos Guédés ? Quelle est la différence sinon que les préjugés mesquins nourris par les élites haïtiennes?

Il existe une certaine filiation entre les Morts, les Saints de l'Église Catholique et les Loas du Vaudou. La différence parait-il est d'ordre purement sémantique. Le catéchisme nous apprend que certains d'entre nous vont en Enfer, un lieu de tourments, pour être brûlés d'autres iront au ciel pour jouir avec les Anges et les Saints, selon leurs oeuvres. Selon la liturgie du vaudou les loas sont appelés indifféremment Saints, Anges, Esprits, Bagailles. Les Morts assistent les vivants dans leurs quotidiens, affirment nos Houngans. Souvent ils apportent les numéros de la borlette. Nos âmes trépassées sont capables de nous prévenir de certains dangers et proférer des menaces contre ceux et celles qui n'obéissent pas à leurs injonctions. Foutaises, diront les incrédules. N'empêche que ce sont les éléments incontournables de la vie culturelle haitienne depuis l'époque coloniale.

Les Saints de l'Eglise Catholique sont des morts béatifiés par le Vatican sous les témoignages des miracles rapportés par certains fidèles. C'est ainsi qu'on fabrique nos Saints. N'existe-t-il pas des Saints non canonisés? Pourquoi n'y a-t-il pas un Saint ou bien une Sainte en Haiti où vit un peuple souffrant mais bon. Les loas sont des morts vénérés par les Houngans grâce à leurs oracles au profit de leurs pitites feuilles. Ces deux manifestations de la vie religieuse ont un point commun: la survivance après la mort. Les Saints et les Loas possèdent la faculté de voir d'entendre et d'intervenir auprès des vivants.On observe une certaine concomitance entre les panthéons Catholiques et Vaudou. L'iconographie des Saints catholiques et des Loas du vaudou est la même. Cependant les mêmes personnages portent des noms différents dans les deux religions. On les invoque pour les mêmes motifs. Selon l'histoire la Fête des Morts a préexisté à la Toussaint inventée longtemps après par les dirigeants catholiques pour garder leurs adeptes captifs de leur doctrine.


Catholicisme.....................Vaudouisme
J
ésus-Christ .....................Lenglensou
St Joseph.............................Loko Atissou
Vierge Marie........................Erzulie
Santa Barbara...................Erzulie aux yeux rouges (vengeresse)
Ntre Dme du Perp Secrs..Erzulie Dantor
Sainte-Rose de Lima .......Freda
Saint-Pierre..................... Legba d
étenteur de la clé pour ouvrir la barrière
Saint-Martin de Porrès...Baron Samedi
Saint-Jacques Majeur.....Ogou
Sainte-Claire...................Clermesine

Saint-Patrick....................Damballah ou Loa Couleuvre
Saint-Gérard Magella.....Guédé Nibo
etc.


Selon les Sciences biologiques à la mort tout s'arrête. La mort est-elle vraiment la fin de la vie ou le passage vers une autre vie qui n'est pas matérielle? "Notre ami Lazarre est en train de dormir", soulignait Jésus à l'attention de ses disciples. Donc la mort ne serait qu'un sommeil profond.
Jean11: 11: "Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors!"

Lazarre n'est pas le seul exemple de résurrection mentionné par la Sainte Bible.

Mathieu 28:5 -7 La Résurrection de Jésus. Le Dimanche de Pâques on a relevé avec stupéfaction l'absence de Jésus dans son tombeau. La Bible mentionne encore d'autres cas de résurrection. Citons:

1 Rois 17:17-24 Elie ressuscite le fils de la veuve de Sarepta

2 Rois 4 : 32-37:
Élisha ressuscite son garçon

Luc 7 : 11-17: Jésus ressuscite le Fils unique d'une mère dans une ville appelée Naïn

Luc 8 : 40-56: Jésus ressuscite la fille de Jaïrus

Actes 9: 36-42 la résurrection à Joppé de Tabitha par l'apôtre Pierre

Actes 20: 7-12 la résurrection de Eutychus par l'apôtre Paul

Nous constatons que le Christianisme abonde en guérison et en témoignages éloquents de résurrection tant au niveau de Jésus que de ses disciples. Les pasteurs catholiques et protestants n'ont pas le don de la guérison ni de la résurrection. Bizarre! Sont-ils de vrais disciples du Christ? Les Houngans sont d'excellents guérisseurs et font revenir certains morts à la vie. Ne faut-il pas établir là une relation plus directe avec la vraie doctrine du Christ? Le Vendredi Saint après la Sainte Cène Jésus a fait ses adieux à ses disciples. Le Dimanche de Pâques Jésus est monté aux Cieux. Dans la religion vaudou on rapporte l'histoire de ces vieilles qui réunissent leurs enfants pour annoncer leur départ vers la Guinée.Vêtues d'une robe blanche, après le Babaco suivi d'une danse, elles pénètrent dans la mer ou la rivière jusqu'à leur disparition ou encore au fond d'une boisée pour prennent leur envol pour s'estomper dans le décor . Le Vaudouisme et le Catholicisme ont un tronc commun: le Christianisme. Cependant le Vaudou est la branche dynamique du Christianisme. Par ailleurs mentionnons ce syncrétisme religieux que manifestent nos compatriotes catholiques et protestants qui consultent en cachette les Houngans pour bénéficier de l'oracle des Loas. De même les vaudouisants faute de structures et d'organisations sociales adéquates font baptiser leurs enfants dans le catholicisme et les inscrivent dans les Ecoles congréganistes reconnues comme les meilleures en Haïti.
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L'existence d'une vie après la mort est le fondement même de la foi chrétienne. L'assistance des morts aux vivants est le socle de la religion vaudou. Sans les Saints et les Loas ni le Catholicisme ni le Vaudouisme ne seraient pas fonctionnels.On prie les Saints, on adore le Saint Sacrement de l'autel, on interpelle les loas, aux pieds du Pe, autour du Poto Mitan. Face à certaines difficultés les esprits parlent dans le Govi. La permamence de la vie est concrétisée par les manifestations de l'âme après la mort. Devrions-nous avoir peur de mourir si la mort est un passage obligé de la résurrection vers le continuum de la vie sur la terre. Par ailleurs la Bible nous parle du Paradis Terrestre non pas du Paradis Céleste. Le Paradis des Indiens se trouvait aux Abricots non loin de Jérémie. Le ciel serait le privilège strict de Dieu et des élus (Apocalypse 14: 1- 4 ). Autant dire que nous sommes terriens c'est à dire que notre âme est rivée à cette planète où dominent l'air, l'eau et le feu. Au sens biblique, le mot âme signifie individu. Le vaudou parle du Gros Bon Ange et du Petit Bon Ange et détient la technologie pour son embouteillage.C'est une erreur fondamentale d'ignorer les éléments de notre culture. Tant et aussi longtemps que nous refusons de saisir nos vraies dimensions culturelles nous serons toujours méprisées comme des épaves larguées sur une mer démontée. L'Ethique Protestante de Max Weber a prouvé l'origine du capitalisme triomphant en prêchant l'abstinence. Des Saints aux Loas il n'y a qu'un pas.

1 commentaire:

Unknown a dit…

je trouve la comparaison tres sensée, et de la etant il n'y a aucun lien avec le satanisme, mais ma question est la suivante, pourquoi l'application du vaudouisme a autant de caracteristiques malfaisantes, pourquoi ne serait il pas mieux organisé au lieu de rester a son etat archaique, il m'arrive souvent d'avoir peur du vaudou, mais ma curiostité l'emporte souvent.