lundi 4 février 2008

VIVE LES MAGASINS DE L'ÉTAT!

Vive les magasins de l’État ! Jean Erich René

La théorie économique de la main invisible, prônée par Adam Smith et ses disciples de l’École de Chicago comme régulateur du marché, ne fonctionne pas en tout temps et en tout lieu. En période de crise, l’État a un rôle macro-économique majeur à jouer pour rétablir l’équilibre. La preuve la plus convaincante vient d’être apportée par le discours de l’état de l’Union de George W. Bush réclamant l’infusion 150 milliards de dollars frais dans l’économie américaine pour effacer le spectre grimaçant de la récession.

Paradoxalement le FMI impose aux économies périphériques telles que Haïti la réduction du rôle de l’État au profit du secteur privé et la déréglementation en faveur du libre-échange etc. Comprenne qui pourra! L’État haïtien, au fil de notre histoire de peuple, a toujours joué un rôle actif sur le marché des produits de première nécessité. La réglementation et la fixation des prix sont des mesures de protection des consommateurs défavorisés. Par le biais des Magasins de l’État, les principaux produits de base étaient toujours disponibles afin d’éviter le marché noir et la flambée des prix. La stabilité politique de tout Gouvernement haïtien dépend du prix des produits de base. La commande en vrac de la farine, du riz, de l’huile de cuisine etc., selon une économie d’échelle, permettait à l’État de réduire considérablement le prix de revient de certaines marchandises. Un tel indicateur est symptomatique de l’état d’âme de la masse qui ne veut plus rien entendre quand la faim coupe ses tripes.
À dire vrai la situation a commencé à se détériorer sérieusement à partir de l’application de la Politique néo-libérale prônée par le FMI exigeant : - la diminution du rôle de l’État sur le marché - la réduction des dépenses du Gouvernement - la privatisation des entreprises publiques - la disparition des barrières douanières - le libre transfert de fonds vers les banques étrangères etc. De telles mesures ont provoqué le déséquilibre de l’économie haïtienne et la dégringolade de notre unité monétaire. Il s’ensuit une importation accrue des produits de base, une baisse considérable de la demande effective, un déficit de notre balance de paiement et une augmentation brusque de la dette extérieure due à la variation du taux de change. Bref le coût de la vie augmente de plus en plus en Haïti. Les plus grandes victimes ce sont les pauvres. L’ajustement des salaires à un taux de 5% ou même de 150% témoigne de l’ignorance pure et simple de nos dirigeants de la gestion économique nationale. Au contraire cette initiative impromptue, dictée par des économistes de facto, va créer une inflation en tire-bouchon. Les prix vont augmenter davantage puisque cet ajustement de salaire ne résulte pas de la nécessité de trouver le point d’équilibre entre le marché des biens et des services relativement au marché de la monnaie. La Courbe IS-LM ou Croix hicksienne donne clairement le ton. Sans une augmentation subséquente du PNB, l’excès de monnaie en circulation va augmenter davantage la cherté de la vie. Donc l’ajustement arbitraire des salaires se révèle une solution plutôt dégénérative de l'économie nationale. René Préval doit faire preuve de courage et s’élever à la hauteur de sa mission. Il doit divorcer avec la politique d’austérité du Fond MonétaireInternational. Le pouvoir d’achat de nos concitoyens est grandement réduit.

Dans un contexte économique aussi difficile on ne peut plus se référer au secteur privé pour l’approvisionnement des familles haïtiennes déjà essoufflées. La fourniture des denrées alimentaires devient une question d’intérêt majeur et même de légitimité politique du Gouvernement en place. Sans la satisfaction des besoins alimentaires, immédiatement après les carnavals l’émeute de la faim va éclater.
La moisson est déjà compromise dans nos plaines récemment inondées Le Premier Ministre ne peut pas s’avouer vaincu en invoquant l’argument saugrenu: " Nous ne pouvons faire sortir du sang des rochers." Cette réflexion digne d’un saurien jette le désarroi au sein de la population. L’urgence de l’heure exige la réouverture des Magasins de l’État dans les Chefs-lieux de nos départements géographiques, afin de mettre les produits de base à la portée de tous les ménages. Ainsi l’occasion sera offerte aux fils du peuple de rejoindre la Caravane économique par le biais des coopératives de céréales, de fruits et légumes, de boulangers, de bouchers etc. Grâce au commerce de détail, un contrôle strict du mouvement des prix sera exercé afin de limiter les dégâts dans nos sections communales. L’intérêt public commande l’instauration des Magasins de Quartier alimentés par les Magasins de l’État. Des épiceries populaires ainsi conçues grâce à leurs bas coûts de fonctionnement pourront livrer les denrées alimentaires à un prix réduit et une faible marge de profit. De meilleures aubaines et des emplois seront offerts aux classes défavorisées. Une telle initiative exprimerait clairement l’ouverture de la société haïtienne sur des avenues plus ensoleillées pour la rédemption des masses nécessiteuses. Pour les entreprises privées, le profit est l’objectif le plus recherché. Il revient aux municipalités d’établir les points de distribution en fonction de leurs budgets réels.

Selon un système de quota, les Magasins de l’Etat les pourvoiront en biens de consommation. Cette initiative, même quand elle a pour but de soulager la misère des masses urbaines et rurales, va soulever la hargne des intermédiaires grossistes de la bourgeoisie peser-sucer. Keynes décrit l’économie en heurts de pouvoirs. L’état des rapports deforce dans le partage salaire-profit porte les entrepreneurs à déterminerles prix. L’instabilité économique est surtout le résultat de la lutte pour le partage du revenu national. D’où l’apparition bizarre de wharf privé et l’émergence d’un état dans l’État. Le changement climatique, la montée du prix du baril de pétrole etc ne suffisent pas pour expliquer la cherté de la vie. Et la République dominicaine qui partage l’Ile avec nous ? Ceteris paribus, la cause causante c’est surtout la déviance de nos dirigeants par rapport aux lignes politiques traditionnelles pour se jeter sur les brisées du néo-libéralisme. La réouverture des magasins de l’État et sa nucléarisation en magasins de quartiers, communautaires et épiceries populaires est la solution la plus salutaire. Elle contribuera à la déconcentration de l’économie nationale par une participation plus accrue et plus dynamique de nos communautés urbaines et rurales à la gestion de laRes Publica.
Vive les Magasins de l’Etat !
http://barometre-politique.blogspot.com

Aucun commentaire: